par Caroline Lavoie-Gauthier

« Vous trouvez que l’aventure est risquée? Essayez la routine, elle est mortelle. » Paolo Coelho
J’ai habité un hiver au Mexique, il y a des années. Nous étions tout au bord de la plage, à quelques km d’Acapulco, dans une zone ou les vagues étaient tellement fortes que les Mexicains n’allaient pas s’y baigner. Même les surfeurs évitaient l’endroit!
Je faisais partie d’une poignée de Québécois qui tenait à se baigner à tout prix.
Il faisait 42 degrés à l’ombre…
Même debout avec de l’eau aux genoux pour se rafraichir, on se faisait culbuter. Les vagues tiraient sur nos chevilles et on tombait à la renverse, cul par-dessus tête. On se retrouvait avec de l’eau dans les oreilles, à cracher du sable.
Nous aurions pu choisir de rester sur la plage, à l’ombre et en sécurité, mais ce n’était pas assez. Nous voulions vivre une expérience plus satisfaisante, même si nous devions pour cela braver du danger et de l’inconfort.
Il y avait une zone paisible de l’autre côté du déferlement des vagues.
Un des Québécois là-bas, un champion de natation, nous a montré comment nager en-dessous des vagues pour accéder à cette zone calme. Là, nous pouvions nager tranquille et du haut de la vague, profiter d’une vue spectaculaire sur la plage.
Le défi, c’était que pour s’y rendre, on devait traverser le chaos, le danger de ces vagues terrifiantes, et les retraverser pour revenir à la plage. C’était vraiment très dangereux.
J’ai eu l’arrogance de penser que ce serait facile pour moi. Sauf qu’une fois, je n’ai pas eu la force de revenir. Je n’arrivais pas à nager assez vite pour retourner à la plage avant que la vague ne m’emporte au large.
Je me faisais culbuter, encore et encore. J’étais de plus en plus faible et étourdie.
J’ai eu peur pour ma vie.
Si mon conjoint de l’époque n’était pas venu à ma rescousse, j’y aurais laissé ma peau.
Pourquoi je te raconte cette histoire-là?
Parce que j’ai appris des leçons de cette expérience.
D’abord, j’ai appris que, souvent, les expériences les plus belles nous demandent de traverser des moments de chaos, de peur et d’inconfort temporaire.
J’ai aussi appris qu’on peut apprendre à traverser des vagues terrifiantes grâce aux conseils d’un expert
Et, lorsqu’on est en détresse, déboussolé et épuisé, on a souvent besoin d’aide pour revenir au rivage.
Je crois que psychologiquement, on traverse tous ces moments où on se sent brassé, cul par-dessus tête, vulnérable et impuissant. Ces moments où tout semble s’écrouler autour de nous.
Quand ça m’arrive, j’essaie de me rappeler ces leçons de mon aventure dans les vagues.
Me rappeler que je ne suis pas toute seule : je peux compter sur des experts qui sont déjà passés par là et qui peuvent me guider, et sur des amis et des alliés, qui sont là pour moi .
On a été conditionnés à penser « Si je n’arrive pas à traverser ces moments de chaos et de détresse tout seul, je suis faible et j’ai moins de valeur. »
C’est un mythe extrêmement destructeur.
Surtout quand on ne voit pas de solutions.
Quand on se sent pris dans un cercle vicieux, avec la crainte qu’on ne s’en sortira jamais.
Certains me diront que j’aurais pu rester sur la plage, tranquille.
Oui, j’ai risqué ma vie pour vivre quelque chose de plus grand.
Vivre pleinement peut être dangereux, mais je suis beaucoup plus satisfaite et comblée d’avoir vécu cette expérience. Elle m’a permis de mieux me connaître, d’en apprendre plus sur mes limites ET sur mes forces. Elle m’a permis aussi de découvrir l’ampleur de l’amour et du courage des autres : mon conjoint a lui aussi risqué sa vie pour me sauver!
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Suggestion de film :
Ce mois-ci, j’ai l’élan de te proposer un film plutôt qu’un livre. Si tu aimes les histoires de courage, de dépassement… et de surf, voici un film très inspirant basé sur une histoire vécue :
« À la poursuite de Mavericks » (Titre original : Chasing Mavericks)
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